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  1. 2008/12/24
    [영화] "익명, 베를린의 한 여인" (전쟁과 성폭력)(1)
    tnffo

[영화] "익명, 베를린의 한 여인" (전쟁과 성폭력)

Une scène du film

D.R./Une scène du film "Anonyma, eine Frau in Berlin"

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"이게 어찌 베를린의 경우만이겠는가"라고 르몽드에서 기사 제목을 뽑았다(*). 그리고 이렇게 시작한다: "그들은 거기에 있다. 이번에는 확실하다. 1945년 4월 말, 이 확실한 사실은, 포위된 베를린에서, 사람들이 <<그것>>에 대해서만 말하는 몇 날을 만든다." ( Ils sont là. Cette fois c'est sûr. En cette fin avril 1945, cela fait des jours que, dans Berlin encerclée, on ne parle que de "ça".) 여기서 "그들"은 러시아 점령군이고 "그것"은 성폭력이다. 전쟁과 거의 어김없이 거기에 뒤따르는 성폭력, 결코 드러내지 못하고 속으로만 앓다가 한평생을 보내야 하는 희생자-여성의 삶, 그런 아픈 이야기를 조명한 영화가 나왔다고 한다. 지난 10월 말에 독일에서 개봉된 "익명, 베를린의 한 여인"(Anonyma, eine Frau in Berlin)이라는 제목의 영화에 대한 얘기다. 영화는 1945년 전쟁 말기에 베를린에서 기자로 일했던 당시 34세의 Marta Hillers (1911-2001)라는 사람이 1954에 영어로 출판한 책인 <베를린의 한 여인>을 모태로 했다 함.

영어로 처음 출판된 이 책이 독어로 번역되는 데는 5년이라는 시간이 필요했고, 그나마 독일의 어떤 출판사도 출판을 달가워하지 않아서 결국은 스위스의 독일계 출판사에서 맡았다니, 이 역사적 사실에 대해 독일이 얼마나 지독한 비밀로 숨겨두려 했는지를 어렵잖게 짐작할 수 있을 듯하다. 오랫동안 베일 속에 있던 비밀이고, 이제 63년이라는 세월이 흘러 살아있는 역사의 증인들을 찾을 기회가 곧 사라질 시점에서, 영화의 개봉과 더불어 정신병리학자들도 역사상 처음으로 이 문제에 관심을 가지기 시작했다고 한다. "어떻게 '베를린의 여인들'은 그런 몸과 기억의 상처를 안고, 단 한 번의 심리치료도 없이, 한평생을 견뎌낼 수가 있었는가" 하는 것이 그들의 연구 대상이라고...

당시 나찌 정권은 러시아군의 성폭력 행위를 부풀리려는 유언비어를 유포하기도 했다지만, 역사가들에 따르면, 1945년 4월에서 9월 사이에 베를린에서만 10만명, 독일 전체로는 200만명이 성폭력을 당했다고 한다. 그러나 아무도 이런 사실을 말하려 들길 원치 않았고, 특히 동독에서는 "큰 형님에 대한 이런 비판을 방어"(surtout à l'Est, où critiquer le "grand frère" russe était défendu)할 필요가 있었다니, 반성할 지점이겠다. 물론 나찌정권이 애초에 원인을 제공했고 동부에서 추방된 사람만 1200만명이라는 공적 사실이 있고 그래서 소련군에게 승리의 상징물로 수많은 여성을 희생시킨(veulent des femmes, symboles de leur victoire) 측면이 없는 건 아니지만, 그런 기억을 평생을 짐으로 안고 살아야할 개인들의 사적 존엄성 앞에서 그 어떤 변명도 용서를 담보할 수는 없으리라. 

육체적 폭력에 의한 희생은 여기서 그치지 않고, 전쟁 후 이어지는 남편과 가족으로 부터의 외면, 그리고 사회적 냉대 등의 2~3중의 고통으로 희생자를 몰아갔다는 사실은 어쩌면 그녀들만 기억하고 있을지도 모른다. 이런 잔인한 역사는 지금도 보스니아, 아프가니스탄, 콩고 등에서 벌어지는 전쟁 속에서 계속 반복되고 있지만, 직접적 당사자들 외에는 누구도 적극적 관심을 갖지 않는다는 사실에서 우리 모두는 역사의 다음 세대에게 '비겁한 방관자'로 매도돼도 할 말이 없다고 글쓴이는 강조한다. (내가 이 방면으로는 거의 문외한인 연고로, 르몽드를 읽다가 새롭고 긴장되고 잘 쓰인 기사라는 생각에서 급히 퍼다놓고 보니, 한글 소개가 cine21에 벌써 있네, 책도 나와있고(밑에 사진 있음).)

(*) 제목에 물음표나 느낌표가 있다면 '이게 어찌 베를린의 경우만이겠는가'로 이해해도 되겠는데, 찬찬히 들여다보니 내가 너무 내 맘대로 의지주의적 번역을 한 듯하다. 'Seules'이 여성 복수형인 것으로 봐서 아마도 '베를린의 고독한 여인들'  정도가 낫겠다.

 

 

Seules dans Berlin
LE MONDE | 20.12.08 | 14h27  •  Mis à jour le 20.12.08 | 14h27

 

Ils sont là. Cette fois c'est sûr. En cette fin avril 1945, cela fait des jours que, dans Berlin encerclée, on ne parle que de "ça". La soudaine amplification des tirs d'artillerie et des canons antiaériens ne laisse plus guère de place au doute. Les Russes sont là. Terrées, en compagnie des enfants et des vieillards, dans l'obscurité des caves ou des bunkers, pour la plupart sans nouvelles de leur homme parti sur le front, les femmes de la capitale du Reich savent à quoi s'en tenir. La propagande nazie contre les "russische Bestien" (ces "bestiaux de Russes") a bien fait son travail. 

Les soldats russes, souvent des paysans venus de Sibérie, du Caucase ou de Mongolie, veulent des femmes, symboles de leur victoire sur l'Allemagne hitlérienne. Mères de famille, adolescentes, sexagénaires... toutes satisfont à l'idée valorisante que les "Ivan" - ainsi les surnomme-t-on - se font de la "Deutsche Fräulein". Livrées en pâture, maintes Berlinoises seront extirpées de leur souricière et traînées dans les couloirs, les annexes des caves, les cages d'escalier, pour y être violées. Les historiens évoquent 100 000 viols commis à Berlin entre avril et septembre 1945, et en tout 2 millions d'Allemandes violées sur le front soviétique.

 

Presque soixante-cinq ans se sont écoulés. Chaque famille d'Allemagne porte de près ou de loin ce drame en mémoire. Mais personne n'a jamais osé en parler (surtout à l'Est, où critiquer le "grand frère" russe était défendu). L'humiliation, la honte, la douleur, étaient trop fortes. Le tabou paraissait insurmontable. D'autant qu'au regard des crimes commis par les nazis, un interdit tacite empêchait les Allemands d'évoquer les souffrances endurées pendant la guerre : ils auraient aussitôt été accusés de révisionnisme.  

La parole semble pourtant se libérer. Tout en veillant toujours à rappeler la responsabilité initiale du régime nazi, de plus en plus de documentaires et de téléfilms se mettent à évoquer le tribut payé par les Allemands à leur Führer et aux Alliés : martyre de Dresde bombardée, torpillage du Gustloff et de ses 10 000 passagers, exode de 12 millions d'Allemands expulsés des territoires de l'est du Reich... 

 

Avec le film Anonyma, eine Frau in Berlin, réalisé par Max Färberböck et sorti sur les écrans allemands fin octobre, la question des viols massifs commis par les Russes en 1945 est pour la première fois abordée au cinéma. Avec la star allemande Nina Hoss dans le rôle principal, le film adapte Une femme à Berlin (Gallimard, 2006), le journal intime tenu entre le 20 avril et le 22 juin 1945 par Marta Hillers (1911-2001), journaliste berlinoise âgée de 34 ans au moment des faits.

 

Une femme à Berlin : Journal 20 avril-22 juin 1945베를린의 한 여인Une femme à Berlin : Journal 20 avril-22 juin 1945

 

Dans cet ouvrage, Marta Hillers (son identité, retrouvée par la presse en 2003, a finalement été révélée, mais elle-même avait tenu à rester anonyme de son vivant) relate le quotidien des habitants de la capitale nazie livrée aux Russes : absence d'eau courante et d'électricité, quête de nourriture, rationnements et pillages. Rien d'exceptionnel : de nombreux autres carnets de bord attestent d'un besoin généralisé de mettre en mots le chaos. 

Mais le témoignage de la journaliste reste sans pareil. Mêlant lucidité et cynisme à une précision rigoureuse, Marta Hillers y rend compte, jour après jour, des viols qu'elle subit comme si elle-même n'en était pas l'objet. Comme si la glace qui envahit son corps au moment où il est violenté habitait le récit en entier. S'il fait événement en Allemagne par le thème auquel il s'attaque, le film de Max Färberböck, lui, tente de raconter l'irracontable au grand public, c'est-à-dire en version quelque peu édulcorée. Il transforme en romance amoureuse une relation foncièrement pragmatique : celle que la journaliste berlinoise a recherchée et entretenue, après avoir été violée à plusieurs reprises par différents "Ivan", avec un major de l'Armée rouge. 

"Comme Marta Hillers, de nombreuses Allemandes ont usé de cette stratégie : quitte à être violée, autant l'être par le même à chaque fois, par quelqu'un dont l'autorité tient les autres à distance et qui assure protection et subsistance - les mères de famille en particulier y ont vu un moyen de nourrir leurs enfants", explique la journaliste Ingeborg Jacobs, qui vient de publier Freiwild ("Proies") (éd. Propyläen), une enquête pour laquelle elle a rencontré près de 200 femmes violées par des Russes en 1945.

 

De fait, "l'histoire d'Anonyma est un peu celle de Maman", raconte Ingrid Holzhüter. Elle avait 9 ans lorsque les Russes arrivèrent dans le village de Vogelsdorf, non loin de Berlin, où sa mère a décidé de se réfugier, après le bombardement de l'appartement berlinois de la famille. Le père est mort au combat, en France, à 29 ans. "Maman était particulièrement jolie, les Russes l'ont tout de suite repérée", se rappelle avec lassitude cette femme aujourd'hui âgée de 72 ans, qui, après toute une vie de lutte politique pour les droits de la femme, s'en remet aujourd'hui au bonheur simple de tricoter pour ses petits-enfants. 

Dès leur arrivée à Vogelsdorf, ils sont venus trouver ma mère. Et puis ils sont revenus chaque nuit, pendant des semaines, arrivant chez nous braguette ouverte. J'entendais ma mère supplier, appeler au secours..." - la fillette sera même, une fois, témoin de l'un de ces viols commis sous ses yeux. "Jusqu'à ce qu'elle devienne la maîtresse d'un commandant, et qu'il nous prenne sous son aile." 

Très répandue, cette stratégie de survie sera mal perçue dans l'Allemagne d'après-guerre. Les hommes, lorsqu'ils rentrent du front ou des prisons de guerre "se détournent de leurs femmes ou fiancées, parce qu'ils les jugent sales et indignes", raconte Ingeborg Jacobs. "Vous êtes devenues aussi impudiques que des chiennes, toutes autant que vous êtes dans cette maison !", s'écrie Gerd, le petit ami de Marta Hillers, lorsqu'elle lui donne son journal à lire.

 

Le journal de Marta Hillers a d'abord été publié en anglais aux Etats-Unis, en 1954. Il faudra ensuite attendre cinq ans avant qu'une maison d'édition suisse germanophone en propose une version en allemand (aucun éditeur allemand n'a voulu du manuscrit). La publication fait scandale. La journaliste est accusée de s'être "prostituée". Une réaction universelle dès qu'il s'agit de viol : "Les femmes violées sont toujours doublement frappées : une première fois par le viol, puis par le rejet de la société. Cette inversion de la culpabilité est typique de nos sociétés patriarcales", dénonce Monika Hauser, fondatrice et présidente de l'ONG Medica Mondiale, qui vient de recevoir le prix Nobel alternatif de la paix pour son aide apportée, ces quinze dernières années, aux femmes violées dans le cadre de conflits internationaux : Bosnie, Afghanistan, Congo... 

Cela fait longtemps que cette gynécologue de formation, qui a commencé sa carrière médicale dans une clinique de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, voulait aborder la question des viols commis en Allemagne par l'Armée rouge en 1945. "Tant de patientes m'en faisaient le récit, lorsque j'étais jeune médecin... Je comprenais alors pourquoi certaines n'avaient pas voulu d'enfants, ne s'étaient pas mariées, avaient des pulsions suicidaires ou abusaient de médicaments." La sortie au cinéma d'Anonyma prouve toutefois que "la société allemande pourrait être enfin prête à entendre la souffrance de ces femmes murées dans le silence", estime-t-elle. 

Question, aussi, de génération. En effet, "mères et filles ont toujours eu trop honte pour pouvoir aborder ce thème ensemble", rappelle Ingeborg Jacobs. Dans son enquête historique, la journaliste décrit à quel point les mères ont tout fait pour protéger leurs filles du viol - quitte à se proposer à leur place lorsque ces dernières en étaient menacées -, et combien les filles, même enfants, se sentaient investies d'un sentiment de responsabilité en tentant de cacher leur mère, lorsque les Russes arrivaient. "Mais les petits-enfants, et notamment les petites-filles, posent aujourd'hui des questions à leurs grands-mères." Des grands-mères qui, justement, se retrouvent seules face à leurs souvenirs : "Ces femmes ne travaillent plus depuis longtemps, leurs enfants ont quitté la maison et leurs conjoints sont parfois décédés. Des images remontent, qui les obsèdent."

 

Aujourd'hui, il y a urgence à recueillir cette parole : "Bientôt, toutes les victimes auront disparu", souligne Monika Hauser, qui ne voit pourtant "toujours aucune volonté politique de la faire émerger". Si, pour la première fois en Allemagne, un appel à témoignages vient d'être lancé par le Centre de recherches psychiatriques de l'université de Greifswald, cette initiative n'a reçu aucun financement de l'Etat. "L'idée est de savoir comment ces femmes, qui n'ont jamais bénéficié du moindre soutien psychologique, sont parvenues à vivre jusqu'à aujourd'hui", explique le docteur Philipp Kuwert, qui dirige ce programme. Le projet doit déboucher à la fois sur une étude scientifique et sur la mise en place d'une thérapie ciblée, la première également, à destination des personnes âgées. 

Mais est-il encore temps ? Après s'être tues si longtemps, ces grands-mères meurtries qui, dans leurs maisons de retraite, sont prises de panique lorsqu'elles entendent des aides-soignantes parler russe ou lorsqu'on veut leur poser une sonde urinaire, sont-elles prêtes, au terme de leur vie, à raconter leur grand secret ? Peuvent-elles seulement encore être soignées ? "Il n'est jamais trop tard", assure le docteur Kuwert. Pour lui, avoir la parole est déjà, en soi, un acte de guérison. (Lorraine Rossignol / Article paru dans l'édition du 21.12.08)

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