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  1. 2009/01/03
    친구들1) 에라스무스 & 토마스 모어
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친구들1) 에라스무스 & 토마스 모어

에라스무스(Erasmus, 1469-1536)는 토마스 모어(Thomas MORE (MORUS),1478-1535) 보다 아홉 살이 더 많았지만 둘은 친구다. 장차 네들란드가 낳은 세계적 인문주의자가 될 에라스무스는 26세에 가난한 유학생으로 빠리 소르본느에서 신학과 문학을 공부한 후 30세에 영국 여행길에서 토마스 모어를 처음 만난다. 몇 년 후 그는 37~39세에 이탈리아에서 머물며 그리스어 등을 공부한 후 39세(1508년)에 이탈리아에서 영국으로 가는 길에(즉 알프스를 넘으면서) 토마스 모어에게 선물로 주기 위해 작성을 시작한 것이 그 유명한 <광기 예찬>(Encomium Moriae)이며,  영국에 도착하여 토마스 모어의 집에 머무는 동안에 글은 완성됐고 3년 후인 1511년에 출간된다 (물론 라틴어로 쓰여진 이 책은 1520년부터 불어로 번역: 'Eloge de la Folie' ; 국역은 '바보예찬'). 그래서 <광기 예찬>의 서문은 에라스무스가 모어에게 쓴 편지글이 대신한다 (참고1-불어본).

반면, 토마스 모어는, 에라스무스와의 교제 덕인지 아닌지는 모르겠지만, <광기 예찬>이 출간되고 5년 후인 1516년에 그 유명한 <유토피아>를 출간하게 된다. <광기 예찬>이 '적을 친구처럼 사랑하라'는 소크라테스적 (그리고 예수적) (미친-바보?) 교훈에 기반한다면, <유토피아>는 플라톤의 '이상 국가'를 모델로 삼았다는 사실로 비교될 수도 있겠다. <유토피아>를 통한 전제군주제와 사적소유제를 부정해서인지 아니면 영국 국왕의 로마 카톨릭적 전통으로부터의 탈출을 비판해서인지는 정확히 모르겠지만(후자가 통설), 모어는 1535년 57세에 자기가 모시던(수상의 자격으로) 바로 그 국왕에 의해 처형당한다. 그렇게 종교전쟁의 맹아가 싹트고 있었던 것. 다른 한편, 독일에서 루터(Luther,1483~1546)는 1517년에 종교개혁 선언문을 공포하고 (여기서 후에 헤겔은 현대민주주의의 연원을, 베버는 직업-사명 개념으로부터 자본주의 정신의 분석 틀을 도출), 1525년에는 갓 출간된 에라스무스의 다른 주요 저작인 <자유의지에 대하여>(De Librio Arbitrio)를 반박하기 위하여 <부자유(노예) 의지에 대하여>(De Servo Arbitrio)라는 글을 발표하기도 한다 (참고2-안효상2004).

아래에 옮겨다 놓는 불어 텍스트는 -상기 두 참고글을 제외하고는- 거의가 에라스무스와 모어의 주요 저작들에서 발췌된 문구들이다. 그냥 심심할 때 읽으려고 어디선가 퍼온 것임. 

 

ERASME DIDIER, Desiderius Erasmus Roterodamus (1469-1536)

 

Né à Rotterdam vers 1469, mort à Bâle en 1536, Erasme est la figure la plus marquante de l'humanisme. Fils - naturel - d'un prêtre, ordonné prêtre lui-même en 1488, il suit, en 1495, les cours de théologie et de littérature classique à l'Université de Paris. Premier séjour en Angleterre en 1499 où il rencontre Thomas More qui aura sur lui une grande influence. Il voyage ensuite aux Pays-Bas, en France, en Angleterre. Il publie le "Manuel du Chevalier Chrétien" en 1504, des "Adages" (800 proverbes) en 1508. De 1506 à 1508, il est en Italie, à Venise et à Rome. Il étudie le grec. Il quitte l'Italie pour l'Angleterre et, en route, écrit son "Eloge de la Folie" qu'il terminera chez Thomas More (mars 1508).
Il enseigne le grec et la théologie à Cambridge. En 1516, son "Nouveau Testament" traduit du grec, dédié à Léon X obtient un très grand succès. Il s'installe à Bâle en 1521 et, en 1524, publie le "De Librio Arbitrio" où il réfute la thèse de la prédestination de Martin Luther qui lui répond en 1525 avec son "De Servo Arbitrio". Auteur prolixe, préférant toujours le texte, et rien que le texte, à l'allégorie chère au néo-platonisme florentin, son influence est immense sur tous les penseurs du XVIème siècle. Il meurt sans avoir réussi à maintenir l'unité de l'Eglise pour laquelle il luttait.
(...) Eloge de la folie, dédié à Thomas More, (...) est un ouvrage satirique paru en 1511. Il est écrit en latin savant et témoigne d’une très grande érudition. Dans cet ouvrage, Erasme se moque de certaines catégories sociales, philosophes et théologiens en tête. Malgré tout, le but de cette œuvre n’est pas différent de celui de ses autres écrits : - enseigner la vérité évangélique. Voici une phrase tirée de son œuvre qui résume bien le travail des humanistes : « Nous avons voulu avertir et non mordre ; être utile et non offenser ; réformer les mœurs et non scandaliser ».


Un travail d'humaniste // "C'est aux sources mêmes que l'on puise la pure doctrine ; aussi avons-nous revu le Nouveau Testament tout entier d'après l'original grec, qui seul fait foi, à l'aide de nombreux manuscrits des deux langues, choisis parmi les plus anciens et les plus corrects (...). Nous avons ajouté des notes pour justifier nos changements, expliquer les passages équivoques, ambigus ou obscurs, rendre moins facile dans l'avenir l'altération d'un texte rétabli au prix d'incroyables veilles." (ÉRASME, Lettre à Léon X, préface à l'édition du Nouveau Testament, 1516)


Avis d'un humaniste sur les gens d'église : un extrait de l'Eloge de la Folie // " Voici ceux qu'on appelle ordinairement religieux ou moines, quoique ces deux noms ne leur conviennent nullement, puisqu'il n'y a peut-être personne qui ait moins de religion que ces prétendus religieux... La plupart de ces gens-là ont tant de confiance dans leurs cérémonies et leurs petites traditions humaines, qu'ils sont persuadés que ce n'est pas trop d'un paradis pour les récompenser d'une vie passée dans l'observation de toutes ces belles choses. Ils ne pensent pas que Jésus-Christ, méprisant toutes ces vaines pratiques, leur demandera s'ils ont observé le grand précepte de la charité.* L'un montrera sa bedaine farcie de toutes sortes de poissons , l'autre videra mille boisseaux de psaumes, récités à tant de centaines par jour ; un autre comptera ses myriades de jeûnes, où l'unique repas du jour lui remplissait le ventre à crever ; un autre fera de ses pratiques un tas assez gros pour surcharger sept navires , un autre se glorifiera de n'avoir pas touché à l'argent pendant soixante ans, sinon avec les doigts gantés, un autre produira son capuchon, si crasseux et si sordide qu'un matelot ne le mettrait pas sur sa peau ; un autre rappellera qu'il a vécu plus de onze lustres au même lieu, attaché comme une éponge ; un autre prétendra qu'il s'est cassé la voix à force de chanter ; un autre qu'il s'est abruti par la solitude ou qu'il a perdu, dans le silence perpétuel, l'usage de la parole. Mais le Christ arrêtera le flot sans fin de ces glorifications: "Quelle est, dira-t-il, cette nouvelle espèce de Juifs ? Je ne reconnais qu'une loi pour la mienne ; c'est la seule dont nul ne me parle. Jadis, et sans user du voile des paraboles, j'ai promis clairement l'héritage de mon père, non pour des capuchons, petites oraisons ou abstinences, mais pour les oeuvres de foi et de charité." (Didier Erasme, Eloge de la folie ) * Amour de Dieu et du prochain (vertu théologale, avec foi et espérance)


Extraits de l'Encomium Moriae (Eloge de la Folie), publié à Paris, Strasbourg, Anvers en 1511, et à Bâle en 1513. Le texte sera traduit du latin dès le XVIe siècle dans les différentes grandes langues européennes. [ traduction de Claude Blum, 1995, éd. Slatkine ]
"ch. VII // (...) Plutus (dieu de la richesse) (...) est le seul père des hommes et des dieux . Un signe de lui seul, aujourd'hui comme hier, bouleverse le sacré et le profane, met tout sens dessus dessous. Sa volonté règle guerres, paix, empires, conseils, tribunaux, comices, mariages, traités, alliances, lois, arts, jeux, travail... mais le souffle me manque, bref : toutes les affaires publiques et privées des mortels. (...) Tel est celui que je peux me glorifier d'avoir pour père . (...)
ch. XL // Par contre, voici un genre d'hommes qui, sans aucun doute, est tout à fait de notre farine, ce sont ceux qui aiment bien entendre ou raconter eux-mêmes des miracles ou des prodiges inventés. Ils n'ont jamais assez de telles fables, quand on rapporte des histoires monstrueuses de spectres, de lémures, de larves, d'enfers, et mille autres merveilles de ce genre : plus elles s'éloignent de la vérité, plus sont agréables les démangeaisons dont elles chatouillent les oreilles. D'ailleurs cela sert à merveille non seulement à soulager l'ennui des heures, mais aussi à procurer quelque profit, surtout pour les prêtres et les prédicateurs.
Or, ceux-ci ont pour proches les gens qui nourrissent la folle conviction, cependant bien agréable, que s'ils aperçoivent un Polyphème, saint Christophe en bois ou peint, ils ne mourront pas de la journée ; si on salue avec les paroles prescrites une statue de sainte Barbe, on reviendra sain et sauf du combat ; ou si on rend visite à saint Erasme, certains jours, avec certains petits cierges, certaines petites prières, on deviendra bientôt riche. De même qu'il y a un saint Hippolyte ils ont trouvé en saint Georges un nouvel Hercule. C'est tout juste s'ils n'adorent pas son cheval très pieusement paré de phalères et de bulles ; souvent, ils lui offrent un nouveau petit présent pour gagner ses faveurs et jurer par son casque d'airain est pour eux un serment de roi. Que dire de ceux qui se bercent agréablement de pardons imaginaires accordés à leurs crimes, qui mesurent comme avec des clepsydres les durées du Purgatoire, calculant sans la moindre erreur siècles, années, mois, heures, comme d'après une table mathématique. Et de ceux qui s'appuient sur certaines petites formules ou prières magiques qu'un pieux imposteur a inventées pour son plaisir ou son profit, et s'en promettent tout : richesses, honneurs, plaisirs, abondance, santé toujours florissante, très longue vie, verte vieillesse, et pour finir une place au paradis, auprès du Christ, mais le plus tard possible, quand les voluptés de cette vie les abandonneront, malgré leurs efforts opiniâtres pour les retenir, et céderont la place aux délices célestes. Ici, disons un commerçant ou un soldat, ou un juge, s'imagine, avec une petite pièce de monnaie prélevée sur tant de rapines avoir purifié d'un seul coup ce marais de Lerne qu'est sa vie, (...). Et maintenant, est-ce que ce n'est pas à peu près la même chose quand chaque pays revendique pour lui-même un saint particulier, lui confère des attributions particulières, lui rend un culte avec des rites particuliers : celui-ci guérit la rage de dents, celui-là assiste les femmes en couches, celui-ci apparaît en sauveur au milieu du naufrage, celui-là protège le troupeau, et ainsi de suite, car il serait trop long de faire un recensement complet. Il y en a qui à eux seuls valent pour plusieurs choses, surtout la Vierge mère de Dieu, à qui le commun des hommes attribue plus de pouvoirs qu'à son Fils. (...)
ch. XLIX // Mais je serais moi-même tout à fait folle et parfaitement digne de tous les éclats de rire de Démocrite si je continuais à énumérer les formes des folies et des insanités populaires. J'arrive à ceux qui se donnent parmi les mortels l'apparence de la sagesse et convoitent, comme on dit, le rameau d'or.
Parmi eux tiennent le premier rang, les grammairiens, race d'hommes certainement la plus calamiteuse, la plus affligée, la plus haïe des dieux si moi je n'adoucissais les désagréments de leur misérable profession par un doux genre de folie. Ils ne sont pas en butte à cinq malédictions seulement, c'est-à-dire à cinq présages funestes, comme l'indique une épigramme grecque, mais à des centaines : toujours affamés et sordides dans leurs écoles -- que dis-je des écoles ? ce sont plutôt des séjours d'angoisse , ou plutôt des galères, de chambres de tortures, -- au milieu des hordes d'enfants ils vieillissent dans les labeurs, sont assourdis de cris, s'asphyxient encore de puanteurs et d'infection ; mais grâce à ma faveur, ils se croient les premiers des mortels. Ils sont tellement contents d'eux-mêmes quand ils terrorisent une classe épouvantée par leur visage et leur voix menaçante, quand ils déchirent les malheureux à coups de férules, de verges et de fouets, quand ils déchaînent à leur guise toutes leurs colères, à l'exemple de l'âne de Cumes ; alors leur saleté leur semble pure élégance, leur puanteur embaume la marjolaine, ils prennent leur misérable esclavage pour une royauté (...). [ suivent les poètes, les rhéteurs, les jurisconsultes, les dialecticiens, les sophistes, les philosophes, les théologiens ]
ch. LIV // Aussitôt après ceux-là, les plus heureux sont ceux qui s'appellent couramment eux-mêmes religieux et moines , deux surnoms tout à fait trompeurs, car la plupart d'entre eux sont fort éloignés de la religion et on les rencontre plus que personne en tous lieux. Je ne vois pas qui pourrait être plus malheureux si je ne venais à leur secours de maintes façons. Car il est de fait que tout le monde exècre ce genre d'hommes au point que les rencontrer même par hasard passe pour un mauvais présage, ce qui ne les empêche pas d'avoir d'eux-mêmes une opinion magnifique. D'abord ils trouvent que le comble de la piété c'est de ne rien savoir des belles-lettres, pas même lire. Ensuite, quand à l'église ils braillent de leur voix d'âne leurs psaumes, dûment numérotés, mais nullement compris, alors ils croient vraiment charmer l'oreille des saints d'une infinie volupté. Il y en a quelques-uns parmi eux qui vendent au meilleur prix leur crasse et leur mendicité, et qui beuglent aux portes à tue-tête pour qu'on leur donne du pain, et il n'y a pas d'auberge, de voiture, de bateau qu'ils n'importunent au grand détriment, c'est sûr, des autres mendiants. Et c'est de cette manière que ces personnages particulièrement délicieux, avec leur saleté, leur ignorance, leur grossièreté, leur impudence, font revivre pour nous, disent-ils, les apôtres.
Quoi de plus plaisant que de les voir faire selon un règlement, d'après des sortes de calculs mathématiques qu'il serait impie d'enfreindre : tant de noeuds à la sandale, telle couleur à la ceinture, telle teinture pour chaque pièce du vêtement avec ses diverses nuances, telle matière et tant de largeur pour la ceinture, de tel aspect et de telle capacité en boisseaux pour le capuchon, tant de doigts de largeur pour la tonsure, tant d'heures de sommeil. (...) Enfin tous mettent un zèle admirable à se singulariser par leur mode de vie. Leur plus grand désir est de ne pas se ressembler entre eux. Ils tirent aussi une bonne part de leur bonheur de leurs surnoms : ils sont contents d'être appelés cordeliers et certains parmi eux colétans, d'autres mineurs, d'autres minimes, d'autres bullistes. Et voici les bénédictins. et voilà les bernardins ; ici les brigittins, là les augustiniens, ici les guillemites, là les jacobites, comme si c'était trop peu d'être appelés chrétiens. (...) [suivent les princes, les grands ]
ch. LVII // Mais en vérité depuis longtemps les souverains pontifes, les cardinaux, les évêques rivalisent délibérément avec les habitudes des princes et en sont presque à les dépasser. Pourtant si l'un d'eux réfléchissait à ce que rappelle l'habit de lin, blanc comme neige, c'est-à-dire une vie absolument sans tâche , à ce que veut dire la mitre à deux cornes dont les pointes sont réunies par un même noeud, à savoir une connaissance parfaite à la fois du Nouveau et de l'Ancien Testament, et les mains couvertes par des gants : l'administration des sacrements pure et non souillée du contact des choses humaines ; et la crosse : le soin très vigilant du troupeau qui lui est confié ; et la croix portée devant lu : la victoire sur toutes les passions humaines ; si l'un d'eux, dis-je, réfléchissait à cela et à bien d'autres choses du même ordre, ne mènerait-il pas une vie de tristesse et de souci ? Mais maintenant ils s'en tirent joliment puisque c'est eux-mêmes qu'ils mènent au pâturage. Quant au soin, ou bien ils le confient au Christ lui-même ou bien le rejettent sur ceux qu'on appelle frères ou sur les vicaires. Et ils ne se souviennent même plus de leur nom, de ce que signifie le mot d' évêque , c'est-à-dire travail, vigilance, sollicitude. Mais pour attraper l'argent du troupeau, ils font parfaitement les évêques : ils surveillent. [ suivent les cardinaux]
ch. LIX // Quant aux souverains pontifes qui sont les vicaires du Christ, s'ils s'efforçaient d'imiter sa vie, c'est-à-dire sa pauvreté, ses travaux, sa doctrine, sa croix, son mépris de la vie, s'ils prenaient la peine de réfléchir seulement à leur nom de pape , autrement dit de père ou à leur surnom de très saint , qu'y aurait-il sur terre de plus malheureux ? Et qui achèterait cette place aux dépens de toutes ses ressources et, après l'avoir acquise, la défendrait par l'épée, par le poison, par toutes sortes de violences ? Que d'avantages leur enlèverait la sagesse si elle s'emparait d'eux une seule fois ! Que dis-je la sagesse, mais un seul grain de ce sel dont a parlé le Christ ! Tant de richesses, tant d'honneurs, tant d'autorité, tant de victoires, tous ces offices, toutes ces dispenses, tous ces impôts, toutes ces indulgences, tant de chevaux, de mules, de gardes, tant de plaisirs. Vous voyez quels trafics, quelle moisson, quel océan de biens j'ai embrassé en quelques mots! A leur place il mettrait les veilles, les jeûnes, les larmes, les prières, les sermons, les études, les soupirs, mille peines misérables de ce genre. (...)
Ainsi c'est bien grâce à moi qu'il n'y a pas de catégories d'hommes, ou presque, qui vive plus mollement et avec moins de souci, car ils estiment avoir largement satisfait le Christ s'ils jouent leur rôle d'évêques avec leurs ornements pour mystère et presque de théâtre, avec des cérémonies, des titres de Béatitude, de Révérence, de Sainteté, des bénédictions et des malédictions."
ch. LX // Quant à moi je ne sais pas encore si certains évêques allemands ont donné l'exemple en la matière ou s'ils l'ont trouvé là, eux qui bien plus franchement renoncent à leur habit, aux bénédictions et autres cérémonies de ce genre, pour vivre carrément en satrapes et penser qu'il est lâche et peu digne d'un évêque de rendre à Dieu son âme vaillante ailleurs que sur un champ de bataille.
Le commun des prêtres estimerait impie de ne pas égaler la sainteté de leurs prélats, et il fait beau les voir combattre en vrais soldats avec des épées, des javelots, des pierres, toutes sortes d'armes, pour le bon droit de leurs dîmes ; quels bons yeux pour tirer de vieux manuscrits de quoi terrifier le menu peuple et le convaincre qu'ils ont droit à plus qu'à la dîme. Mais, en attendant il ne leur vient pas à l'esprit qu'on peut lire partout beaucoup de choses sur les devoirs qu'eux-mêmes doivent rendre au peuple en échange. (...)
Mais il est vrai que les prêtres ont ceci de commun avec les laïcs c'est qu'ils veillent tous à leur moisson de profits et que là personne n'ignore les lois. Quant au reste, s'il y a quelque fardeau ils le rejettent prudemment sur les épaules des autres et se le renvoient de la main à la main comme une balle. Puisque les princes laïcs eux aussi se déchargent de la responsabilité d'administrer le royaume sur des commis, le commis de même la transmet à un commis, laissant tout le soin de la piété au peuple, par modestie. Le peuple le rejette sur ceux qu'il nomme des gens d'Eglise, comme si lui-même n'avait absolument aucun rapport avec l'Eglise, comme si les voeux du baptême avaient été absolument sans effet. A leur tour, les prêtres qui se disent séculiers, comme s'ils avaient été voués au siècle et non au Christ, repassent la charge aux réguliers, les réguliers aux moines, les moines relâchés à ceux de stricte obédience, tous ensemble aux mendiants, les mendiants aux chartreux, les seuls chez qui la piété se cache, enterrée, et se cache si bien qu'on peut à peine l'apercevoir parfois. De même les pontifes si empressés pour moissonner l'argent, repassent les charges trop apostoliques aux évêques, les évêques aux curés, les curés aux vicaires, les vicaires aux frères mendiants. Ceux-ci à leur tour les repassent à ceux qui tondent la laine des brebis.
Mais il n'est pas de mon sujet de passer au crible la vie des pontifes et des prêtres, car je ne veux pas avoir l'air de composer une satire au lieu de prononcer un éloge, ni qu'on croit que je critique les bons princes tandis que je loue les mauvais. Si j'ai abordé ces quelques points c'est pour montrer clairement qu'aucun mortel ne peut vivre heureux s'il n'est pas un initié de mon culte et assuré de ma faveur. (...)" [L'auteur continue en citant de nombreux passages de la Bible démontrant que la folie l'emporte sur la sagesse et rend l'homme heureux.]

 

 

Thomas MORE, MORUS (1478-1535)

 

Humaniste anglais, ami d'Erasme, farouche défenseur du catholicisme, fut le chancelier du roi d'Angleterre Henri VIII. Assassiné pour avoir refusé de soutenir le passage à l'anglicanisme, où le roi devait remplacer le pape à la tête de l'Eglise d'Angleterre, il fut canonisé par le pape (Saint Thomas More). Il est surtout resté célèbre pour son livre, "L'Utopie", qui décrit un pays imaginaire du même nom avec une société parfaite. En particulier, la tolérance religieuse, qui y est décrite, tranche avec la réalité du siècle. Mais n'imaginons pas que Thomas More fut lui même si tolérant.
Homme politique et humaniste anglais, qui s’opposa au roi Henri VIII, ce qui lui coûta la vie. Homme de loi, proche des humanistes et notamment d’Erasme, Thomas More entra dans les ordres en 1499. Il renonça à la vie monacale quatre années plus tard et entra au Parlement en 1504. Il devint le conseiller du roi Henry VIII, il fut nommé à la Chambre des communes puis, en 1529, chancelier du royaume. Pour avoir désapprouvé le divorce d’Henri VIII et de Catherine d’Aragon, il vit sa carrière politique brisée. Ses convictions religieuses l’empêchaient, en effet, de contredire l’autorité religieuse du pape. Le roi le fit emprisonner en 1534 et décapiter le 7 juillet 1535. Il fut canonisé par l’Eglise catholique.
Thomas More est l’auteur d’un roman politique célèbre, Utopie, écrit en 1516. Dans ce roman politique et social, on peut observer deux parties. L’ouvrage débute par une critique de la propriété privée et du régime monarchique, où l’auteur vise particulièrement l’Angleterre et la France. Il décrit ensuite l’organisation économique, sociale, politique et culturelle de l’île d’Utopie, où règne une vie en communauté idéale. Dans cette communauté, tous les individus sont égaux, soumis à un régime qui n’entrave en rien la liberté de chacun. (résumé de Christophe Rime)

 

Critique de la société // "N'est-elle pas inique et ingrate la société qui prodigue tant de biens (...) à des joailliers, à des oisifs, ou à ces artisans de luxe qui ne savent que flatter et asservir des voluptés frivoles quand, d'autre part, elle n'a ni coeur ni souci pour le laboureur, le charbonnier, le manoeuvre, le charretier, l'ouvrier, sans lesquels il n'existerait pas de société. Dans son cruel égoïsme, elle abuse de la vigueur de leur jeunesse pour tirer d'eux le plus de travail et de profit; et dès qu'ils faiblissent sous le poids de l'âge ou de la maladie (...), elle oublie leurs nombreuses veilles, leurs nombreux et importants services, elle les récompense en les laissant mourir de faim. (...) En Utopie, au contraire où tout appartient à tous, personne ne peut manquer de rien, une fois que les greniers publics sont remplis. Car la fortune de l'État n'est jamais injustement distribuée en ce pays. L'on n'y voit ni pauvre ni mendiant et quoique personne n'ait rien à soi, cependant tout le monde est riche. Est-il en effet de plus belle richesse que de vivre joyeux et tranquille sans inquiétude ni souci ? Est-il un sort plus heureux que celui de ne pas trembler pour son existence ?" (extrait de Thomas More, L'Utopie, livre second, Des religions de l'Utopie)

 

Utopia (1516) // «Chercher le bonheur sans violer les lois est sagesse ; travailler au bien général est religion ; fouler au pied la félicité d'autrui en courant après la sienne est une action injuste. Au contraire, se priver de quelque jouissance, pour en faire part aux autres, c'est le signe d'un coeur noble et humain, qui, du reste, retrouve bien au-delà du plaisir dont il a fait le sacrifice. D'abord cette bonne oeuvre est récompensée par la réciprocité des services ; ensuite, le témoignage de la conscience, le souvenir et la reconnaissance de ceux qu'on a obligés, causent à l'âme plus de volupté que n'aurait pu en donner au corps l'objet dont on s'est privé. Enfin, l'homme qui a foi aux vérités religieuses doit être fermement persuadé que Dieu récompense la privation volontaire d'un plaisir éphémère et léger, par des joies ineffables et éternelles. » (Thomas More, De la description de l'île d'Utopie, second livre, 1516, d'après la traduction de jean Le Blond (1550))

 

La société idéale de Thomas More (1516) // "Le seul moyen d'organiser le bonheur public c'est l'application du principe de l'égalité. L'égalité est impossible dans un État où la possession est solitaire et absolue ; car chacun s'y autorise de divers titres et droits pour attirer à soi autant qu'il peut, et la richesse nationale (...) finit par tomber en la possession d'un petit nombre d'individus qui ne laissent aux autres qu'indigence et misère. (...) Le but des institutions sociales en Utopie est de fournir d'abord aux besoins de la consommation publique et individuelle, puis de laisser à chacun le plus de temps possible pour (...) cultiver librement son esprit. (...) Les Utopiens ont la guerre en abomination, comme une chose brutalement animale. (...) Ce n'est pas pour cela qu'ils ne s'exercent pas (...) à la discipline militaire mais ils ne font la guerre que (...) pour défendre leurs frontières, ou pour repousser une invasion ennemie sur les terres de leurs alliés, ou pour délivrer (...) du joug d'un tyran un peuple opprimé par le despotisme." (extrait de Thomas MORE, L'Utopie, 1516.)

Une société pacifique // « La nature, disent-ils encore, invite tous les hommes à s'entraider mutuellement, et à partager en commun le joyeux festin de la vie (...). C'est pourquoi les Utopiens pensent qu'il faut observer non seulement les conventions privées entre simples citoyens, mais encore les lois publiques qui règlent la répartition des commodités de la vie. » (extrait de Thomas MORE, L'Utopie, 1516.)

 

La société sans classes // « Partout où la propriété est un droit individuel, où toutes choses se mesurent par l'argent, là on ne pourra jamais organiser la justice et la prospérité sociale, à moins que vous n'estimiez parfaitement heureux l'État où la fortune publique se trouve la proie d'une poignée d'individus insatiables de puissance, tandis que la masse est dévorée par la misère. Aussi quand je compare les institutions utopiennes à celles des autres pays, je ne puis assez admirer la sagesse et l'humanité d'une part et déplorer de l'autre, la déraison et la barbarie. » (extrait de Thomas More, L'Utopie, Louvain, 1516.)

 

Tolérance religieuse // "Les Utopiens qui n'ont pas embrassé la religion chrétienne ne cherchent, cependant, à en détourner personne et ne persécutent pas ses adeptes. C'est, en effet, un des principes les plus anciennement établis en Utopie que nul ne doit être inquiété pour sa religion. Le prosélytisme était permis, à condition de procéder avec douceur et modération, de propager sa propre foi par des arguments raisonnables, de ne pas détruire brutalement la religion des autres. Il était interdit, si la persuasion échouait, d'avoir recours à la violence et à l'injure. L'intolérance dans les controverses religieuses était punie de l'exil ou de l'esclavage. User de violence et de menaces, en vue de faire accepter pour vrai par tous ce qu'on croit être la vérité, leur paraissait un procédé tyrannique et absurde." (extrait de Thomas More, L'Utopie, 1516. cité dans Jacques Dupâquier et Marcel Lachiver, Les Temps modernes, Nouvelle collection d'Histoire Bordas, 4e, Paris, 1970, p. 45)

 

출처: http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch/www/cliotexte/index.html#1492

© CLIOTEXTE, 1997-2008, Patrice DELPIN, 9 rue Chabrey, 1202 Genève, Suisse.

 

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[참고1] LETTRE, ÉRASME DE ROTTERDAM A SON CHER THOMAS MORUS

SALUT
Ces jours derniers, voyageant d’Italie en Angleterre et devant rester tout ce temps à cheval, je n’avais nulle envie de le perdre en ces banals bavardages où les Muses n’ont point de part. J’aimais mieux méditer quelques points des études qui nous sont communes ou bien j’évoquais les bons amis que j’ai quittés. J’en ai de si savants et de si exquis ! Des premiers, ô Morus, tu te présentais à ma pensée. Ton souvenir, cher absent, m’est plaisant comme le fut jadis ta présence familière ; et que je meure si j’ai jamais eu, dans ma vie, de joie plus douce !

Voulant donc m’occuper à tout prix, et les circon­stances ne se prêtant guère à du travail sérieux, j’eus l’idée de composer par jeu un éloge de la Folie. Quelle Pallas, diras-tu, te l’a mise en tête? C’est que j’ai pensé d’abord à ton propre nom de Morus, lequel est aussi voisin de celui de la Folie (Moria) que ta personne est éloignée d’elle ; tu es même de l’aveu de tous son plus grand adversaire. J’ai supposé ensuite que cet amusement de mon esprit gagnerait ton approbation, parce que tu ne crains pas un genre de plaisanterie qu’on peut rendre docte et agréable et que, dans le train ordinaire de la vie, tu tiens volontiers de Démocrite. Certes, la profondeur de ta pensée t’éloigne fort du vulgaire ; mais, tu as tant de bonne grâce et un caractère si indulgent, que tu sais accueillir d’humbles sujets et t’y plaire. Tu recevras donc avec bienveillance cette petite déclamation, comme un souvenir de ton ami, et tu accepteras de la défendre, puisqu’elle n’est plus à lui, mais à toi par sa dédicace.

Les détracteurs ne vont point manquer. Ils prétendront que ces bagatelles sont, les unes plus légères qu’il ne sied à un théologien, les autres trop mordantes pour ne pas blesser la réserve chrétienne ; ils crieront sur les toits que je ramène à l’ancienne comédie et à Lucien, et que je déchire tout le monde à belles dents. En Vérité, ceux qu’offensent la légèreté du sujet et ce ton de plaisanterie devraient bien songer que je n’innove en rien. De grands auteurs en ont fait autant. Il y a des siècles qu’Homère s’est amusé au Combat des rats et des grenouilles ; Virgile au Culex et au Moretum ; Ovide à la Nux ; Polycrate a louangé Busiris qu’Isocrate flagella ; Glaucon écrit l’éloge de l’Injustice ; Favorinus, celui de Thersite et de la fièvre quarte ; Synésius, de la Calvitie ; Lucien, celui de la Mouche et du Parasite. Tandis que Sénèque a composé une apothéose de Claude, Plutarque s’est plu de même à faire dialoguer Ulysse et Gryllus ; Lucien et Apulée se sont divertis avec leur âne, et je ne sais qui avec le testament d’un cochon de lait nominé Grunnius Corocotta, dont fait mention saint Jérôme. Si mes censeurs y consentent, qu’ils se figurent que j’ai voulu me distraire à jouer aux échecs ou, comme un enfant, à chevaucher un manche à balai.

Chacun peut se délasser librement des divers labeurs de la vie ; quelle injustice de refuser ce droit au seul travailleur de l’esprit ! surtout quand les bagatelles mènent au sérieux, surtout quand le lecteur, s’il a peu de nez, y trouve mieux son compte qu’à mainte dissertation grave et pompeuse. Tel compile un éloge de la Rhétorique ou de la Philosophie, tel autre le panégyrique d’un prince ou une exhortation à combattre les Turcs ; il y a des écrivains pour prédire l’avenir, d’autres pour imaginer des questions sur le poil des chèvres. Rien n’est plus sot que de traiter avec sérieux de choses frivoles ; mais rien n’est plus spirituel que de faire servir les frivolités à des choses sérieuses. C’est aux autres de me juger ; pourtant, si l’amour-propre ne m’égare, je crois avoir loué la Folie d’une manière qui n’est pas tout à fait folle.

À qui me reprocherait de mordre, je répondrais que l’écrivain eut toujours la liberté de railler impunément les communes conditions de la vie, pourvu qu’il n’y fît pas l’enragé. J’admire la délicatesse des oreilles de ce temps, qui n’admettent plus qu’un langage surchargé de solennelles flatteries. La religion même semble comprise à l’envers, quand on voit des gens moins offusqués des plus gros blasphèmes contre Jésus-Christ, que de la plus légère plaisanterie sur un pape ou sur un prince, surtout s’ils mangent son pain.

Critiquer les mœurs des hommes sans attaquer personne nominativement, est-ce vraiment mordre ? N’est-ce pas plutôt instruire et conseiller ? Au reste, ne fais-je pas sans cesse ma propre critique ? Une satire qui n’excepte aucun genre de vie ne s’en prend à nul homme en particulier, mais aux vices de tous. Et si quelqu’un se lève et crie qu’on l’a blessé, c’est donc qu’il se reconnaît coupable, ou tout au moins s’avoue inquiet. Dans ce genre, saint Jérôme s’est montré plus libre et plus âpre, et parfois sans épargner les noms. Je me suis abstenu, pour ma part, d’en prononcer un seul, et j’ai tellement modéré mon style que le lecteur intelligent verra sans peine que j’ai cherché à amuser, nullement à déchirer. Je n’ai pas, comme Juvénal, remué l’égout des vices cachés ; je n’ai pas catalogué les hontes, mais les ridicules. S’il reste un obstiné que ces raisons n’apaisent point, je le prie de songer qu’il est honorable d’être attaqué par la Folie, puisque c’est elle que je mets en scène avec tous les traits de son personnage.

Mais pourquoi tant d’explications à un avocat tel que toi, qui plaides en perfection les causes même médiocres ? Je laisse à ta maîtrise le soin de défendre cette Moria qui est ton bien. Adieu, Morus très éloquent !

À la campagne, le 9 juin 1508.

출처: http://classiques.uqac.ca/classiques/erasme/eloge_de_la_folie/eloge_de_la_folie.html

 


[참고2] 자유의지 부정한 예정설의 루터 예리하게 반박한 에라스무스 / 안효상
에라스무스(1469~1536)가 “알을 낳아 주고, 루터가 그것을 부화시켰다”라는 말처럼 기독교 인문주의자 에라스무스가 종교개혁이라는 거대한 사건의 배후에 있었던 것은 분명하다. 하지만 온건한 인문주의자인 그는 루터에 대해 “예리한 정신”과 “기독교도의 심성”을 가지고 있다고 평가하면서도 “자신의 교리에 대한 접근을 무조건적으로 지향한다”고 보았다. 그는 루터의 이런 태도가 종교적 급진주의와 교회의 심각한 갈등을 가져올 것이라고 우려했던 것이다. 물론 그는 “나는 나의 평온을 원한다”라는 말처럼 종교개혁의 와중에 어느 편에도 서려고 하지 않았다. 그러나 에라스무스의 명성은 너무나 컸고, 세상은 그를 평온하게 내버려두지 않았다. 결국 그는 1524년 루터를 반박하는 글의 원고를 인쇄소에 넘긴다.
위대한 에라스무스로서도 루터는 이미 버거운 논쟁 상대가 되어버렸다. 왜냐하면 종교개혁은 이미 거대한 정치적·사회적 운동이 되었고, 거듭되는 논쟁에서 루터는 차례차례 승리를 거둔 뒤였기 때문이다. 그래서 에라스무스는 논쟁의 범위를 좁혀 루터의 신학 체계가 가지고 있는 맹점을 찔렀다. <자유 의지론>에서 그는 루터가 엄격하게 지키고 있는 아우구스티누스파의 예정설이 인간을 신의 영원한 포로로 만든다고 말한다. 이러한 루터의 예정설에 따르면 인간이 행하는 모든 일이 신 앞에서 아무런 영향력도 갖지 못하고, 따라서 쓸데없는 짓이라는 것이다. 신이 부여한 힘을 현세의 이성 속에서 인식하는 인문주의자 에라스무스가 이러한 관점에 반대하는 것은 당연한 일이었다. 그래서 그는 인간에게 최소한 자유 의지의 환상을 허용해야 하며, 그렇게 함으로써 인간이 절망하지 않을 뿐만 아니라 인간에게 신이 공포스럽고 불공정한 존재로 보이지 않게 된다고 말한다.
이에 대해 루터는 다음해에 <부자유 의지론>이라는 글에서 인간은 신을 자기 내면에 간직할 때 선하며 악마의 조종을 받을 때 악하다고 말한다. 따라서 인간 자신의 의지는 공허한 것이고, 영원불변한 신 앞에서는 무력하다고 에라스무스의 ‘자유 의지론’을 반박한다. 하지만 루터로서도 에라스무스가 자신의 신학상의 맹점을 예리하게 지적했다는 것을 인정하지 않을 수 없어서 한 편지에서 이렇게 말했다. “모든 사람들 중에서 당신만이 요점과 핵심을 찔렀습니다. 그러나 당신은 이와 한참 동떨어진 교황제, 연옥, 속죄 따위나 그밖에 바보스러운 것이라 해야 할 문제들을 들고 나와 나를 괴롭히지도 않았습니다.” 그럼에도 루터는 에라스무스에 대해 “그리스도의 가장 지독한 적”이라고 비난하고 다녔다. 그로서는 에라스무스가 세계사적인 사건이 된 종교전쟁에 끼어드는 것을 원치 않았던 것이다. 그리고 사태는 그렇게 흘러갔다. 에라스무스의 우려에도 불구하고 종교개혁은 종교전쟁으로 비화되어 오랜 세월 동안 피로 유럽 대륙을 적셨던 것이다. (안효상/서울대 강사, 서양사, 한겨레 2004.04.05)


#   한겨레 2004년 관련 기사 링크

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