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Albert Camus, philosophe (+audio)

Albert Camus : une pensée pertinente pour aujourd’hui

Regard sur la philosophie, la chronique de Damien Le Guay

A l’occasion de la publication des deux derniers tomes de son œuvre complète, dans la collection La Pléiade, il nous a semblé nécessaire de rendre hommage à Albert Camus dont la pensée, si juste en son temps, reste pertinente aujourd’hui. Damien Le Guay lui consacre sa chronique.
Emission proposée par : Damien Le Guay
Référence : CHR521
Adresse de cet article : http://www.canalacademie.com/Albert-Camus-est-toujours-vivant.html
Date de mise en ligne : 8 mars 2009

Partons de cette phrase d’Albert Camus, en 1956, quand il rend hommage à Salvador de Madariaga, intellectuel espagnol parti en exil après l’arrivée au pouvoir de Franco : « Ceux qui se sentent faits d’abord pour admirer et pour aimer, et qui, dans le désert du monde contemporain, risquaient de périr de faim et de soif, ont une dette de reconnaissance infinie envers tous ceux qui, en des temps déshonorés, leur ont offert une image digne et fière de l’homme et de l’intellectuel ». Cette phrase s’applique à Albert Camus lui-même, mort jeune dans un accident de la route le 4 janvier 1960 à l’âge de quarante six ans, encore auréolé de son prix Nobel reçu deux ans auparavant.

Rejeté par des intellectuels médusés par le communisme

Dans les années 1950, il fut l’honneur des intellectuels (de gauche) qui, en masse, s’étaient embrigadés dans le glacial parti de la justice meurtrière. Quand il « fallait » prendre le train de l’Histoire, et « justifier » ainsi, les Goulags « nécessaires », lui, Albert Camus, dénonçait les « bouchers de la vérité » et ce « socialisme des potences ». Quand eux mentaient pour « la bonne cause » et disaient « que le ciel est bleu quand il est gris », lui les accusait de prostituer les mots. Quand tout ce beau monde mettaient de l’essence marxiste dans le moteur de l’histoire pour le faire tourner à plein régime (régime aussi concentrationnaire), lui, l’enfant d’Alger d’origine modeste, répétait sa conviction jugée hérétique : « Aucun des maux auxquels prétend remédier le totalitarisme n’est pire que le totalitarisme lui-même. ». Il fut rejeté par la gauche inoxydable. Fut vomi pour sa tiédeur. Dénonçait ce qui pollue les idées généreuses : le cynisme, les compromissions, le conformisme des moutons – ou plutôt des loups. Il rejetait la haine et mettait en avant son contraire qui, dit-il, n’est pas « l’idéalisme timide mais la justice généreuse »

Une oeuvre sans aucune ride

Mais cette œuvre, si juste en son temps, soucieuse d’éviter les emportements furieux et embrigadements soit disant « nécessaires », n’est-elle pas un peu datée ? Le vent de la liberté, celui qui fit tomber le mur de Berlin, ne l’a-t-il pas emportée ? Il n’en est rien. Les deux derniers volumes de ses œuvres complètes en Pléiade, qui viennent de paraître, et vont de 1949 jusqu’à sa mort, en donne la preuve. Albert Camus, dans son théâtre et ses romans, restitue la complexité du monde, les mille nuances de la pensée, l’épaisseur des sentiments humains. Pour lui, il faut à la fois consentir à la beauté et refuser la cruauté et les injustices du monde. Il faut tenir les deux. N’être ni en retrait du monde ni embrigadé par l’époque. Ni pour un art désincarné ni pour un art ancillaire – au service d’une Cause.

L’amitié et l’honneur selon Camus

Camus était homme d’amitié. C’est ainsi qu’il fut proche de René Char et fit découvrir les œuvres de la philosophe Simone Weil. Mais surtout il sait ne pas être seul. Quand il reçoit le prix Nobel, il écrit aussitôt à Louis Germain, son ancien instituteur – qui avait persuadé tout le monde que le petit Albert devait poursuivre ses études - : « Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. » Camus est homme d’honneur. Il honore ses dettes. Sait que le monde est fragile et qu’il peut à tout moment se défaire, se disloquer en mille morceaux. (Texte de Damien Le Guay)

 


 

빠리고등사범학교에서 2007년 3월에 있었던 까뮈에 대한 꼴로끄(학술대회)의 불어 요약본이다. 구체적인 내용은 안 나오고 간략한 몇 줄짜리의 문제재기 차원이다. '까뮈 철학(혹은 문학)에서 뭐가 문제인지' 정도의 흐름이나 살펴보는 것으로 만족해야겠다. 발표자들은 모르는 사람이 대부분인데, 그 중에서 주목할 사람은 프레데릭 봄스(Frédéric Worms)라는 릴3대학 교수이며 프랑스 최고의 베르크손(Bergson) 전문가라고 함. 다음의 주소로 가면 꼴로끄 동영상이 나옴: http://www.diffusion.ens.fr/index.php?res=conf&idconf=1807

 

Colloque Albert Camus : littérature, morale, philosophie
Organisé par : Jean-Charles Darmon (univ. Versailles/Institut universitaire de France/ENS) et Lissa Lincoln (The American University of Paris) et Michel Murat (ENS) et Frédéric Worms (univ. Lille III, CIEPFC, ENS)

Colloque international et interdisciplinaire organisé par le Département littérature et langages et le Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine (Département de philosophie) de l’École normale supérieure, avec le soutien du Programme « Littérature, Philosophie et morale » (ENS) et de l’American University of Paris.

 

Ressources en ligne
Introduction - Albert Camus : littérature, morale, philosophie (le 29 mars 2007) — Jean-Charles Darmon, Lissa Lincoln, Michel Murat et Frédéric Worms

A l’endroit la littérature, la philosophie à l’envers (le 29 mars 2007) — Kevin Newmark
La déclaration faite un jour par Camus « Je ne suis pas un philosophe » manifeste un certain agacement devant les multiples tentatives pour le situer par rapport à cette discipline. Il s’agit d’étudier les raisons de cette interrogation récurrente sur le statut de son œuvre. À partir de l’avis superficiel selon lequel Camus serait un « mauvais philosophe », il faut considérer les véritables sources d’une œuvre dans laquelle le rocher de Sisyphe, représentation de l’immense détresse de l’homme absurde, constitue l’envers d’une œuvre littéraire où la figure romanesque de l’Etranger devient une incarnation de la Différence.

Camus et Heidegger, les noces avec le monde (le 29 mars 2007) — Jean-François Mattéi
La condamnation par Sartre de « l’incompétence philosophique » de Camus manifeste son incompréhension d’une éthique où la générosité s’exprime au sens cartésien du terme, celui de l’estime de soi-même. Camus ne se comprend en effet que par ce fragile équilibre entre la vertu d’une volonté juste et le bonheur de l’estime de soi. Paradoxalement, on retrouve Camus lecteur de Hölderlin dans des œuvres philosophiques comme L’Envers et l’endroit, L’Homme révolté, Le Mythe de Sisyphe, tandis que des œuvres lyriques comme Noces à Tipasa sont influencées par sa lecture de Heidegger. Les deux approches fusionnent dans le sacré privé de joie de L’Eté.

La figure de l’innocent chez Camus (le 29 mars 2007) — Denis Salas
L’étude de la question du terrorisme telle qu’elle est traitée dans Les Justes par un Camus lecteur de Dostoïevski est celle d’une oscillation permanente entre le thème de l’innocence pure et celui de l’innocence pervertie. Le propos s’élargit dans L’Etranger, où l’on trouve simultanément un ordre menacé par la dissidence de Meursault et l’expression! d’une révolte contre la totalité des valeurs sociales.

La question de l’incroyance (le 29 mars 2007) — Carole Auroy-Mohn
Dans Le Premier Homme, Camus annonçait l’ouverture d’un troisième volet de son œuvre : le cycle de l’amour, après ceux de l’absurde et de la révolte. Le Premier Homme se constitue ainsi comme une nouvelle Genèse. Jacques Cormery, nouvel Adam, a cette particularité de s’avancer dans un univers sans créateur. Si Camus se déclarait d’une incroyance « passionnée », on est frappé pourtant par la perpétuelle résurgence de la question de Dieu, grand absent-présent du Premier Homme. La structure du manuscrit inachevé conduit Jacques Cormery à accepter la dérobade et l’oubli de l’origine, avant un ressourcement dans l’évocation de l’enfance.

Albert Camus, morale et littérature (le 30 mars 2007) — Michel Jarrety
Dans quelle mesure la morale que Camus a tenté de concevoir après Le Mythe de Sisyphe a-t-elle infléchi sa conception de littérature ? Dans quelle mesure cette conception a-t-elle pu se soumettre à une pensée morale ? Il faut partir de l’idée que Le Mythe de Sisyphe définit une morale personnelle, tandis que L’Homme révolté, dix ans plus tard, cherche à formuler une morale collective dont la clef de voûte est la notion de communauté. Il devient ensuite nécessaire de s’interroger sur la tâche assignée par Camus à la création littéraire, sur la nature de l’esprit de révolte, sur le double refus du réalisme comme des oeuvres dont la réalité est expulsée, et enfin d’étudier le rapport de Camus avec la poésie.

Chute libre et déclin du jugement (le 30 mars 2007) — Lissa Lincoln
Dans son oeuvre, Camus, loin de défendre tel ou tel système de valeurs, utilise le matériau littéraire pour mettre ces différents systèmes en tension. La « question du juste » (savoir ce qui est juste) y joue un rôle capital. Cette préoccupation se retrouve dans L’Étranger, La Peste, Les Justes et Caligula, et tout particulièrement dans La Chute, où le problème du jugement est évoqué par le monologue du personnage unique.

Camus et la revue Esprit (le 30 mars 2007) — Jean-Yves Guérin
Les relations entre Camus et la revue Esprit sont ici étudiées en détails. A un examen chronologique des rapports entre l’auteur et la revue avant et pendant l’Occupation est associé celui des comptes-rendus des œuvres de Camus faits par les rédacteurs d’Esprit (E.Mounier, A.Béguin, J.-M. Domenach), ainsi que l’étude des relations de Camus avec le Parti Communiste et les chrétiens de gauche.

Camus et Pascal : penser les limites (le 30 mars 2007) — Emanuel Germano

De L’Envers et l’endroit au Premier homme (le 30 mars 2007) — Pierre-Louis Rey
Il s’agit dans cette leçon d’étudier le lien entre L’Envers et l’Endroit et Le Premier Homme à la lumière des textes antérieurs qui s’y rattachent, ainsi qu’à celle de l’influence de Jean Grenier sur Camus. Le sentiment de sensibilité, déjà présent dans les Carnets, peut-il recevoir le nom d’amour dans ce roman symbolique de la condition humaine, qu’il est peut-être également pertinent de nommer « roman de la mère » ?

Le Premier homme : mémoire et manoeuvres intertextuelles (le 30 mars 2007) — Peter Dunwoodie
Cette leçon présente Le Premier Homme comme une litanie de la déshérence, qui ne laisse aucun doute sur le statut précaire de l’Européen en terre algérienne. Camus renverse la donne coloniale principalement à l’aide de deux œuvres (Le manuscrit d’Eugène François et À l’aube de l’Algérie française : le calvaire des colons de 48). L’intertextualité avec ces œuvres est étudiée au plus près pour mettre en lumière l’opposition entre travail de la mémoire et rôle de l’Histoire.

La peste comme analogie (le 30 mars 2007) — Michel Murat
Cette leçon s’attache à l’usage de l’allégorie dans La Peste de Camus. A partir de l’étude de quelques mots et notions, comme « fléau » ou « pestiféré », on s’interroge sur la portée et les limites de l’analogie, sur les identifications de sa teneur (« occupation » vs « nazisme »), ainsi que sur les effets produits par son intégration dans l’histoire d’une guerre qui pour Camus « n’est pas finie ». Ces effets expliquent l’écart entre l’accueil fait au livre par un public qui y trouvait une évocation crédible et émouvante de l’expérience commune, et sa réception critique par des lecteurs focalisés sur une mythologie de la Résistance, qui ne pouvaient accepter de l’identifier aux « formations sanitaires » qui la représentent dans le roman.

Le moment de Camus (le 30 mars 2007) — Frédéric Worms
A partir d’une question fondamentale sur la condition métaphysique de l’homme révolté (« l’absurde commande-t-il la mort ? ») cette leçon étudie, à un moment philosophique précis (celui de la deuxième guerre mondiale en France) à travers L’Homme révolté et les Lettres à un ami allemand, les trois tâches assignées par Camus à la philosophie : établir une métaphysique de l’Absurde, une morale de la Révolte, puis nous ramener à l’unité primitive masquée par l’absurde et la révolte. La dernière partie de la leçon met en évidence les trois types de pratique littéraire choisis par Camus pour traduire chacune de ces taches philosophiques.

 

Table ronde Albert Camus : littérature, morale, philosophie (le 30 mars 2007) — Jean-Charles Darmon
Organisateurs
Jean-Charles Darmon (univ. Versailles/Institut universitaire de France/ENS), directeur adjoint de l’École normale supérieure
Lissa Lincoln (The American University of Paris)
Michel Murat (ENS), directeur du Département de littérature et langages
Frédéric Worms (univ. Lille III, CIEPFC, ENS), Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine, Ecole normale supérieure et université de Lille III

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