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  1. 2009/04/13
    [audio]빅토르 위고 & 아프리카
    tnffo
  2. 2009/04/07
    토젤(A.Tosel) 2: 민주주의와 자유주의
    tnffo

[audio]빅토르 위고 & 아프리카

우리의 대빵 만큼이나 부시와 친하고, 우리의 입 가벼운 지도자 만큼이나 방정맞은 사르코지가 또 말 실수를 한 모양이다. 얼마전에 사르코지가 아프리카의 세네갈엘 갔다가 "아프리카는 아직 역사의 장에 진입하지 못했다"('l'Homme africain n'est pas encore entré dans l'Histoire'")는 발언을 했고, 왠지는 모르겠지만 나중에 같은 곳을 방문한 -이번에는 사르코지와 지난 대선에서 경쟁했던 역시나 입도 생각도 별로 더 무겁지도 않은- 마담 로와얄(S.Royal)이 자기가 무슨 프랑스의 대표라도 되는 듯이 '프랑스의 이름으로' 사과를 한 모양이다("Pardon, pardon pour ces paroles humiliantes et qui n'auraient jamais dû être prononcées et - je vous le dis en confidence - qui n'engagent ni la France, ni les Français" 용서하세요, 용서하세요, 그 치욕의 발언을. 프랑스도, 그 어떤 프랑스인들도 감히 그렇게 내까리지는 전혀 말아야 했으며, -제가 신뢰로써 당신들에게 말하건데-  프랑스의 누구도 그 발언에 동참하지 않습니다). 이러한 좀스런 두 상황에 대하여, -이번에는 나 만큼이나 로와얄을 싫어하는- 모스코비시(Moscovici, 사진: 죠스팽 시절에 유럽담당장관을 지냈고 사회당의 핵심인물 중의 한 명)라는 사람이 어떤 방송 대담에서 로와얄을 비판 했다는데(*), 그의 일갈에 속이 다 시원하다: 사르코지가 싫든 좋든 지금 프랑스를 대표하고, 대표할 수 있는 사람은 사르코지 한 명 뿐이다; 로와얄이 뭔데 감히 '프랑스의 이름으로' 사과를 하고 마고 하느냐; 비판을 하는 것은 아주 바람직하지만, 뭔가가 잘못됐다; (그러자 사회자가 '그럼 로와얄이 자기가 도지사를 맡고있는 지방의 이름으로 사과를...'이라는 질문에) 뭘 구차하게 그럴 필요가 있느냐, 옛날에 대선후보면 후보고 지금 도지사면 도지사지, 이런 상황에서는 그냥 간단하게 "개인의 이름으로 사과를 하고 강력한 비판을 하면 된다, 봐라, 얼마나 깔끔하냐!"(밑줄).

(*) Moscovici : Royal ne peut s'exprimer "au nom de la France" // Pierre Moscovici (PS) a critiqué, dimanche 12 avril, la façon dont Ségolène Royal a demandé pardon à Dakar pour les propos controversés sur l'Afrique tenus au même endroit en 2007 par Nicolas Sarkozy, estimant qu'elle ne pouvait pas le faire "au nom de la France". Ségolène Royal a "raison sur la critique du discours de Nicolas Sarkozy" mais "je suis plus réservé sur le fait de demander pardon au nom de la France", a déclaré le député et ancien ministre lors du "Grand rendez-vous" Europe1/Le Parisien/TV5Monde. "Il n'y a qu'une personne qui peut s'exprimer au nom de la France, c'est Nicolas Sarkozy, il n'y a qu'une personne qui peut demander pardon pour des propos maladroits - qui sont les siens d'ailleurs - c'est Nicolas Sarkozy. Il n'y a pas de contre-président en France", a poursuivi M. Moscovici. Comme on lui demandait si Mme Royal aurait dû demander pardon au nom "du Poitou-Charentes", sa région, il a répondu : "elle pouvait demander pardon en son nom personnel ou exprimer sa critique forte. Voilà. C'est déjà pas mal!". Le 6 avril à Dakar, s'exprimant au siège du PS sénégalais, Ségolène Royal avait déclaré : "quelqu'un est venu ici vous dire que 'l'Homme africain n'est pas encore entré dans l'Histoire'". "Pardon, pardon pour ces paroles humiliantes et qui n'auraient jamais dû être prononcées et - je vous le dis en confidence - qui n'engagent ni la France, ni les Français", avait ajouté l'ex-candidate PS à la présidentielle. (LEMONDE.FR avec AFP | 12.04.09 | 18h57)

 

Pierre Moscovici. AFP/JEAN-PIERRE MULLER / Pierre Moscovici.

 

뭐, 이건 단순 흥미기사로서 블로그의 포스트 감도 안 되겠지만, 이렇게 엮여서 빅토르 위고가 1879년에 아프리카와 관련해서 행한 연설문의 짤은 발췌문이 관련기사로 함께 있기에 그것을 퍼오려고 포스트를 만든다(**). 이 연설문이 우연히 관련기사가 된 것은 아니고, 여기서 빅토르 위고가 사르코지와 비슷한 내용의 발언을 이미 한 적이 있어서(Quelle terre que cette Afrique ! L'Asie a son histoire... ; l'Afrique n'a pas d'histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l'enveloppe. 아 슬픈 아프리카여! 아시아도, 아메리카도, 호주도 모두가 인류의 기억 속에 기록된 역사를 갖건만, 아프리카는 역사가 없습니다, 단지 그 땅 만큼이나 광활한 일종의 전설만이 희미하게 아프리카를 감싸고 있습니다), 그것이 역사학자들 사이에 약간의 논쟁점이 된 모양임. 논쟁에 개입할 처지는 못 되고, 잠시 빅토르 위고의 연설 시점과 노예해방에 대한 역사를 간략히 살펴본다:

 

1776년, 디드로의 <백과사전> '니그로' 항목에서 벌써 "흑인 노예매매가 종교, 도덕, 자연법, 인권을 해친다"고 비판했다니, 프랑스 계몽주의자들이 노예해방을 촉발했다고 볼 수 있겠다. (en France, l'article « traite des nègres » de L’Encyclopédie rédigé par Louis de Jaucourt condamne l'esclavage et la traite : « Cet achat de nègres, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale, les lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine. »)
1788년, 혁명 1년 전에 '브리소'라는 사람은 '흑인친구회'라는 단체를 만들어 노예매매금지를 목표로 천명. (Brissot créa la Société des amis des Noirs dont l'objectif affirmé est l'interdiction de la traite négrière.)
1792년, 혁명의회는 피부색에 따른 차별없이 모두에게 완벽한 시민권을 부여할 것을 결의. (l'Assemblée nationale décide d'accorder la pleine citoyenneté à tous les libres de couleur.)
1802년, 쿠데타에 성공한 나폴레옹은 '제한적 노예제도'를 인정하는 역주행을 함. (par la loi du 20 mai 1802, Napoléon maintient l'esclavage dans les territoires restitués comme la Martinique à la suite du traité d’Amiens.)
1848년, 다시 2월혁명으로 열린 프랑스 제2공화국에서 노예제도폐지의 칙령이 공인되다. (le deuxième décret d'abolition de l'esclavage en France a été signé le 27 avril 1848 par Lamartine.)
1865년, 미국에서의 노예제도 폐지. (l'esclavage dans les États Unis d'Amérique est aboli suite à la guerre de sécession qui opposa les États du Nord aux États du Sud.)

1879년, 그러니까 1848년 칙령의 공인 후 31년이 지난 시점에서 아래의 빅토르 위고의 연설이 행해짐.

(**) Victor Hugo et l'Afrique, terre de "légende vaste et obscure"
Victor Hugo a-t-il inspiré Henri Guaino, la "plume" du discours de Dakar de Nicolas Sarkozy ? C'est ce que se demandait l'historien et écrivain congolais Elikia M'Bokolo dans la préface du Petit précis de remise à niveau sur l'histoire africaine à l'usage du président Sarkozy (La Découverte, 2008). Le souffle littéraire en moins, "les mêmes thèmes s'y retrouvent", écrit M. M'Bokolo. Sauf que, soulignait-il, les deux discours ont été prononcés en des temps qui n'ont pas grand-chose à voir l'un avec l'autre. Ainsi, le 18 mai 1879, Victor Hugo prenait la parole à un banquet commémoratif de l'abolition de l'esclavage, trente et un ans plus tôt :

"Quelle terre que cette Afrique ! L'Asie a son histoire, l'Amérique a son histoire, l'Australie elle-même a son histoire qui date de son commencement dans la mémoire humaine ; l'Afrique n'a pas d'histoire ; une sorte de légende vaste et obscure l'enveloppe. Rome l'a touchée pour la supprimer ; et quand elle s'est crue délivrée de l'Afrique, Rome a jeté sur cette morte immense une de ces épithètes qui ne se traduisent pas : Africa portentosa. (qui tient du prodige, merveilleuse). (...) Les hardis pionniers se sont risqués et, dès leurs premiers pas, ce sol étrange est apparu réel. (...) Cette Afrique farouche n'a que deux aspects : peuplée, c'est la barbarie, déserte, c'est la sauvagerie, mais elle ne se dérobe plus. (...)

Au dix-neuvième siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au vingtième siècle l'Europe fera de l'Afrique un monde. Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème. L'Europe le résoudra. Allez, Peuples ! Emparez-vous de cette terre. Prenez-la. A qui ? A personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes. Dieu donne l'Afrique à l'Europe. Prenez-la."

(Article paru dans l'édition du 10.04.09. LE MONDE | 09.04.09 | 14h05)

 

더불어, 빅토르 위고가 익히 1849, 1867, 1876 년에 각각 평화, 미래, 세르비아 등의 문제에 대해 행한 연설문도 얼마 전에 본 기억이 있어서 잊어버리기 전에 미리 모셔다 둔다. 유감스럽게도 연설문을 읽어주는 사람이 아저씨였으면 좋았을텐데 아줌마가 읽는다. 그래도 무척이나 장엄한 투로 깊고 무겁게 읽는 마담의 목소리가 나쁘지는 않다.

 

HUGO, Victor - Discours humanistes (Compilation)
Livre audio gratuit posté le 20 juillet 2007.
http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/victor-hugo-discours-humanistes.html 

Donneuse de voix : Romy Riaud | Durée : 9min | Genre : Discours

Eugène Delacroix - La Liberté guidant le peuple

Victor Hugo était un homme particulièrement engagé, les yeux sans cesse tournés vers son idéal. Ici, quelques extraits de ses discours sur les États-Unis d’Europe.

 

Présentation de Victor Hugo.
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Congrès de la paix (1849).
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L’avenir (1867).
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Pour la Serbie (1876).
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> Consulter la version texte de ce livre audio.

 

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토젤(A.Tosel) 2: 민주주의와 자유주의

앞 포스트의 '토젤1'에서는 토젤이 다른 사람의 글에 단 서평을 살펴봤는데, 여기서는 토젤의 <민주주의와 자유주의>(1995)가 서평 대상이다. 이 책은 1981에서 1995 사이에 토젤이 관련 주제로 쓴 글들을 모은 논문집이다. '공산주의 몰락'과 '현대성의 정치형태가 되어버린 자유민주주의의 고착화', 이 둘 사이의 역사적 순간 주위에서 이뤄진 '정치적 사고의 가능 조건'에 대한 저자의 고민을 이 책이 담고 있다고 서평은 말한다. 결국은 '자유민주주의'라는 일종의 '민주주의의 혁명'이 공산주의의 종말을 불러왔고, 그 '민주주의 혁명'은 자유주의의 징후 위에 21세기를 열었고, 전혀 민주주의와는 상관도 없는 것들이 '자유민주주의'라는 이름으로 민주주의를 대체해 버렸다는 말이다. 바야흐로 막가파 자유주의 시대가 열린 것이다.

여기서 토젤은 '경제적 자유주의'와 '윤리-정치적 자유주의'를 구별하고, 민주주의와 짝을 이룰 수 있는 것은 전자가 아니라 후자임을 분명히 한다. 마찬가지로, '스탈린적 공산주의'와 '다른 가능한 혹은 잊어버린 공산주의'도 마땅히 구별돼야 한다는 것이다: 전자가 전혀 민주주의가 아니라면, 후자는 바로 민주주의 그 자체의 다른 말일 뿐이라는 것. 더불어, 토젤은 국가에 대한 맑스적 비판이 부정적 중요성으로만 부각된 측면이 있으며 여기서 그람시를 다시 읽을 것을 권유한다. 즉, 오늘날에 있어서 '국가의 종말'이라는 말을 신중하지 못하게 다시 쓸 경우, 정치-사회적으로 유해하기 그지없는 신자유주의에로의 굴복으로 경도될 위험이 있다고 경고한다.

[밑에는 토젤이 뤼마니떼 신문에 작년 5월에 기고한 글을 붙여둔다. 기고문의 제목은 "그람시의 징후"이고, 내용은 그람시의 헤게모니론의 프랑스적 발견이다. 사르코지의 '친자본 신자유주의 정책'이 어떻게 지배이데올리기로서 프랑스 사회-문화-정치의 모든 국면을 잠식하고 질식시키고 있는지를 분석-비판하는 짧지않은 글이다. 더 자세한 것은 나중에 밑에서...]

 

Démocratie et libéralismes

[서평대상] TOSEL André : Démocratie et libéralismes (1995), Paris, Kimé, 1995, 288 p.

[서평] Louis Ucciani  (Cahiers Charles Fourier, n° 6, décembre 1995)

Pour citer cet article : UCCIANI Louis (1995), “TOSEL André : Démocratie et libéralismes (1995) ”, Cahiers Charles Fourier, n° 6, décembre 1995, pp. 106-107 [disponible en ligne : http://www.charlesfourier.fr/article.php3?id_article=74].


Ce livre, qui reprend des textes publiés par l’auteur entre 1981 et 1995, dessine une réflexion actuelle sur le monde actuel. Il dégage les conditions de possibilité de la pensée du politique autour des deux moments historiques que sont d’une part la fin du communisme et de l’autre l’affirmation de la démocratie libérale comme forme politique parfaite de la modernité. L’ouvrage s’ouvre sur une réflexion autour de la prétendue révolution démocratique qui aurait mis fin au régime communiste, or, note l’auteur, “un simple regard sur les évolutions de l’Est et de l’Ouest montre que cette révolution s’est vite transformée en une tentative de démantèlement de l’État social de droit qui avait été auparavant opposé au soviétisme, en une restauration des rapports capitalistes de production à un niveau planétaire.” Le XXIe siècle s’ouvre sous le signe du libérisme, dont “rien n’assure qu’il ne soit réellement ami de la démocratie qu’il vient de réduire à sa merci.” Autrement dit, après avoir aidé à la chute de l’État soviétique, “le libérisme s’est avancé à visage découvert et a attaqué de front son ennemi juré, l’État social de droit qui est encore de trop pour les mécanismes de la dérégulation assurant l’enrichissement incessant des plus riches et l’appauvrissement plus massif des plus pauvres.”

 

André Tosel dessine “ l’histoire Sainte du libér(al)isme ”, qui “est celle de l’avènement difficile du couple inégal unissant l’élément mâle du Marché et l’élément femelle de l’État de droit, considéré comme la vérité en soi et pour soi de l’histoire humaine.” Elle a ses théoriciens de “Tocqueville jusqu’à Hayek, en passant par R. Aron ou F. Furet.” Et elle institue comme “le seul homme véritable et le citoyen réellement actif (...) le propriétaire de capitaux et de moyens de production qui est en même temps un blanc et un nordiste.” Écrire cette histoire requiert une méthode et surtout des distinguos, afin que l’historiographie libérale ne prenne pas tout simplement, dans une même imposture la place de l’historiographie stalinienne. D’autre part, poursuit l’auteur, de même “qu’il faut distinguer entre libéralisme éthico-politique et libérisme économiste, il faudra distinguer sous la dictature idéologique du stalinisme les autres possibles communistes qui ont été éliminés, rechercher les invariants qui lient philosophiquement Marx, Kautsky, Lénine, Staline, Trotzky et Gramsci, par exemple, et les différences, voire les différends qui les opposent.” Nous pourrions quant à nous surenchérir et mettre au programme les autres “oubliés” que sont par exemple, Fourier, Proudhon, Owen ou encore Enfantin... Subsiste que le problème du politique est ici posé, et qu’André Tosel ouvre en philosophe analyste de son temps quelques pistes de réflexion à relayer. Notamment autour de l’État : si, note-t-il, “la critique marxienne de l’État garde son importance négative”, il ne faut bien sûr pas oublier la révision de Gramsci et bien repérer le danger. “Reprendre aujourd’hui sans précaution le mot d’ordre de fin de l’État, c’est en fait risquer de demeurer subalterne au libertarisme libéral dont on a mesuré la nocivité sociale et politique.”

 

Louis Ucciani enseigne la philosophie à l’Université de Franche-Comté. Il collabore depuis leur création aux Cahiers Charles Fourier. Ses axes de recherche récents interrogent la genèse et la structure de l’art contemporain. Il a notamment publié Charles Fourier ou la peur de la raison (Paris, Kimé, 2000). Dernier ouvrage paru : Le geste du peintre (2003).

 

 


 

"Le singe de Gramsci" par A.Tosel
http://www.humanite.fr/Le-singe-de-Gramsci-par-A-Tosel (l'Humanite 2008-v)

Comment renverser l’hégémonie idéologique du sarkozysme ? La question posée par le philosophe André Tosel.


Le président Sarkozy nourrit un grand projet politique qui se veut hégémonique. Il s’agit de conduire la société française en la conformant aux exigences néolibérales propres au capitalisme mondialisé, tout en produisant la conception du monde base d’un nouveau conformisme de masse. On le sait, pour Gramsci, l’hégémonie est construction d’un bloc soudant ensemble le moment économique, le moment éthico-politique, le moment culturel et logico-langagier, de manière à ce que les impératifs du système productif et les transformations des classes et groupes sociaux se traduisent ou se « purifient » en un système de normes, de valeurs et de pratiques partagées dans un sens commun suffisamment homogène. Cela implique que les classes dominantes acceptent des concessions minimales pour faire passer leur politique et rendent impossible une alternative de la part des classes dominées. De ce point de vue, le président de la République semble avoir réussi ce tour de force que n’a réussi aucun front des forces d’opposition qui payent ainsi leur échec historique.

Concernant le moment des rapports de forces économiques, c’est l’organisme patronal, le MEDEF, qui impose les réformes déjà esquissées par les gouvernements socialistes : dénationalisations massives, allégement des impôts des classes les plus riches et des entreprises, démantèlement progressif du système social, création tendancielle d’un système médical à deux vitesses, remise en cause du droit du travail avec officialisation du précariat, généralisation du modèle entrepreneurial comme institution totale qui doit pénétrer l’éducation, l’université et la recherche, comme elle a pénétré les industries informationnelles et culturelles. Cette politique parfaitement conforme au programme standard du néolibéralisme rencontre pour l’instant peu de résistances. Des mouvements, parfois désespérés, de grèves, d’occupations d’usines existent, mais ils sont isolés dans une société de service où le salariat-précariat n’a pas (encore ?) de traditions de lutte. La peur du chômage, le précariat limitent des résistances qui n’ont nul relais politique efficace, d’autant que certains aspects de cette politique sont communs aux néolibéraux et aux sociolibéraux, comme l’a montré la campagne - insipide et démissionnaire de - Ségolène Royal et le montre le ralliement aussi bruyant qu’intéressé de dignitaires et intellectuels qui ont encore l’impudence de se dire « socialistes ».

 

Le moment politique, celui des rapports de forces éthiques, politiques et militaires, traduit l’hégémonie de ce libéralisme violemment procapitaliste qui exalte l’argent, la réussite, les hiérarchies de la fortune. Sarkozy a en quelque sorte donné une inflexion bonapartiste soft (pour utiliser une catégorie du philosophe Domenico Losurdo) au principat démocratique qui est la forme politique fonctionnelle de la mondialisation dans les métropoles. Mieux qu’un autre, il a su contrôler la majorité des grands médias qui sont littéralement à son service et organisent le plébiscite permanent dans une opinion publique transformée en spectacle de l’one-man-show. La course au centre des partis parachève le marketing politique qui sanctionne la dégénérescence d’un système devenu autoréférentiel. Le sarkozysme fédère les partis libéraux en les unifiant, mais aussi en marginalisant l’extrême droite française qui n’a pas su trouver son Fini, le leader du parti d’extrême droite italien, désormais recyclé. Tous les thèmes de Le Pen ont été repris et ont joué un rôle dans le ralliement des votants du Front national, telles la montée en puissance du droit pénal contre la petite délinquance et la tolérance totale à l’égard des pratiques mafieuses du capitalisme, la criminalisation génétique des enfants.

Nous en arrivons ainsi au moment culturel qui fut et demeure décisif, celui du consensus. Comment expliquer qu’une fraction importante du petit peuple de la société des employés et des ouvriers ait pu accepter cette révolution conservatrice à la française ? Deux ordres de raisons peuvent être invoqués. Les unes tiennent à la stratégie libérale-populiste menée par le bloc sarkozyen. Il se nourrit de l’échec de la « gauche » à affronter les problèmes majeurs de la société, du mécontentement populaire qui a suivi et de la force inédite d’un nouvel imaginaire social. Par ailleurs, Sarkozy a su combiner des demandes contradictoires en donnant à tous un peu de ce qu’ils attendaient et en leur promettant beaucoup, alors qu’en fait il donnait surtout à ceux qui ont et veulent tout, rien à ceux qui n’ont rien ou peu. Ces contradictions devraient éclater lorsque apparaîtra la réalité d’une pratique politique.

 

On compare souvent Sarkozy et le sarkozysme à Napoléon III et au bonapartisme. S’il y a du vrai en cette comparaison, le contexte est différent : les partis divers du bloc capitaliste sont unis, ils ne sont pas inquiétés outre mesure par la question sociale comme l’était Napoléon III qui se piquait d’éteindre le paupérisme. Le succès de la gauche aux élections municipales ne suffit pas à éviter le piège d’une nouvelle duperie. En effet, l’opposition politique ou bien se cherche ou bien s’est dissoute dans un social-libéralisme minimal que Sarkozy ou d’autres peuvent accepter. Aucun mouvement ne peut succéder pour l’instant à feu le mouvement ouvrier.

Là est la seconde raison de la réussite du sarkozysme. Elle renvoie à une opposition impuissante ou secrètement ralliée. Aucun parti n’a été capable de se rénover en conduisant une autocritique - sérieuse. Il est heureux que des mouvements sociaux de base - existent, mais ils sont condamnés à être des intermittents de la politique et ils sont loin de faire masse. Jusqu’ici ils ont heureusement contribué au débat plus qu’ils n’ont produit une alternative.

S’il nous reste à parier sur un mouvement multiforme d’en bas, il nous faut - repenser l’hégémonie de telle manière que le sarkozysme - miné par ses contradictions et son amour de la violence capitaliste que dissimule sa feinte compassion - révèle ce qu’il est : le singe de Gramsci. Le bloc sarkozyen tient par sa versatilité, son aptitude à promettre des merveilles qu’il ne peut réaliser. Tôt ou tard, l’heure de vérité sonnera, quand le somnambulisme social sera pour beaucoup un cauchemar dont il faudra s’éveiller.

 

Un signe de la faiblesse interne du sarkozysme vient d’apparaître clairement. Cest celui que constitue l’appel à une religion, pure - compensation imaginaire de la perte de sens. Le recours aux cléricatures les plus diverses pour donner un sens à la vie insensée de notre société, pour la cimenter dans les aventures douteuses de la guerre des civilisations ne peut équivaloir à une invention religieuse. Il faut prendre au sérieux la visite au pape de croisade qu’est Benoît XVI. Il faut prendre au sérieux la thèse scandaleuse et discutable que l’homme n’est humain que s’il chérit le Dieu des religions. C’est toute la lignée de la liberté critique et de libre individualité qui est menacée. Sarkozy nous apprend que nous avons besoin de nouvelles Lumières capables de nous éclairer sur notre monde sans le laisser à la disposition d’une nouvelle Sainte Alliance. Il nous montre en creux l’urgence d’une réforme intellectuelle et morale de masse évoquée précisément par Gramsci.

Il s’agit de réinventer un bloc social hégémonique pour notre temps. Cela passe par un travail d’élaboration intellectuelle et culturelle à la fois spécialisé et populaire qui doit s’accomplir en synergie avec un mouvement social qu’il faut entendre, interpréter, sans le fétichiser ni le mépriser. Les nécessaires transformations politiques qui sont décisives ne peuvent pas engendrer ce travail, elles en sont un élément et elles le présupposent. Gramsci liait ensemble réforme intellectuelle et morale de la haute culture, du sens commun de masse, transformations de la structure économique et invention politique. C’est cette liaison qu’il faut produire. À ces conditions, les couches opprimées, sortant du somnambulisme qui les fait consentir à un monde où elles ne sont que masses de manoeuvres et cibles de consommation, peuvent retrouver le chemin perdu de l’action en première personne. Alors il sera possible de quitter la planète des singes de l’hégémonie en démasquant sa cruauté objective, et son indicible misère intellectuelle et morale.

 

André Tosel (*) Dernier ouvrage publié : Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte de Karl Marx, Éditions BelinSup, 2007.

토젤이 작년에는 맑스의 <18 브뤼메르 루이 보나파르트>를 출간하기도 한 모양이다. 그게 뭐 대수냐 하겠지만, 저쪽 사람들은 우리와는 다르게 고전을 재 간행할 때에는 편찬자의 서문과 주석이 보통 1/3(적으면 1/4, 많으면 절반(플라톤의 경우))을 차지하니, 어쩌면 얇은 책 한 권을 새로 쓰기보다 더 공을 들이는지도 모르겠다. 그러고 보니 내가 알기로만 2007년에 <18 브뤼메르 ...>가 세 종류나 나왔다(이것도 사르코지 덕인가, 아니겠지!) : 토젤판, GF판, LGF판. 돈만 된다면야, 편찬자가 다 다르고 다 나름의 권위를 가지니, 다 사고 싶지만... (정말 공부하는 자라면 사실은 다 사야 되는게 맞겠다.) [이런 잡설 풀기는 편한데 긴 글의 내용을 요약하기는 덜 편하니 오늘은 그냥 이러고 만다. 누가 시키는건 아니지만 요약을 않고 한 번 대충 읽고 말면 나중에 하나도 기억에 남는 게 없으니, 기억력 덜 좋은 자의 이중고라고나 할까.]  

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